Nicolas Monnier, qui a rejoint la paroisse de Payerne il y a quatre mois, publie des romans policiers
Le pasteur qui écrit des polars
Journal La Broye, 7 janvier 2025.
Quatre mois seulement après avoir commencé à la paroisse de Payerne-Corcelles-Ressudens, Nicolas Monnier se plonge déjà dans l’histoire du temple et de l’abbatiale. Le pasteur âgé de 59 ans sous-entend que l’intrigue de son prochain roman policier, le troisième, pourrait se dérouler dans la cité de la reine Berthe. «J’aimerais bien que ça se passe dans la région car je choisis toujours un endroit avec lequel j’ai un lien. Je me documente beaucoup, j’essaie de m’imprégner des lieux, ça me permet d’imaginer la future histoire», glisse-t-il en déambulant dans les couloirs modernes du centre paroissial.
Il n’en dira pas davantage.
Cet homme au caractère jovial, qui aime être à l’écoute des gens, a décidé de reprendre des responsabilités paroissiales. Il avait besoin de changement après près de dix ans «très prenants» à la tête de DM, le département missionnaire des Eglises réformées romandes – l’organisation chargée des relations internationales entre les Eglises protestantes suisses et des Eglises sœurs dans le monde.
Passionné de lecture
Sa récente arrivée dans la Broye lui a permis de présenter aux intéressés une autre activité qui lui tient à cœur: l’écriture de polars. Il a ainsi dédicacé récemment son dernier ouvrage, intitulé «Entre chien et loup» (Editions Mon Village), L’histoire parle d’une femme, retrouvée morte dans l’église de Saint-Saphorin, qui militait contre le tir du loup. En tant que passionné de lecture, Nicolas Monnier avoue qu’il a toujours apprécié les polars, et plus particulièrement les œuvres du romancier suédois Henning Mankell, qui a vécu comme lui au Mozambique.
«A une certaine époque, je suis passé par une période de grosse fatigue. C’est à ce moment-là que je me suis lancé le défi d’écrire un livre policier.» Il admet toutefois qu’il est insolite qu’un pasteur opte pour ce genre littéraire. «Je comprends que ça intrigue. Mon but n’est pas de choquer ou de casser la représentation de ma fonction, qui véhicule un message d’espérance», assure-t-il, en affirmant qu’il a reçu beaucoup de retours positifs de paroissiens.
«Ce genre est davantage un prétexte qui me permet d’ouvrir plusieurs fenêtres de réflexion. Je peux notamment traiter des sujets de société qui font débat. Dans mon dernier ouvrage, j’aborde le retour du loup», explique ce passionné d’actualité et plus précisément de politique nationale et internationale.
L’auteur veut toutefois préserver ses lecteurs. Il limite ainsi le nombre de victimes et n’épilogue pas sur des détails sordides. Ce genre littéraire lui permet également de toucher un public plus large que s’il écrivait un traité en théologie.
Références religieuses
Mais Nicolas Monnier reste pasteur dans l’âme. Il raconte ses histoires en glissant de nombreuses références religieuses, Ainsi dans ses deux livres, le temple d’Yverdon-les-Bains et T’église de Saint-Saphorin font office de scènes de crime. «J’en profite pour parler de l’histoire de ces lieux, avec lesquels j’ai un lien. Car j’ai exercé à Yverdon et j’habite à Saint-Saphorin.» II s’est également arrange pour que son enquêteur, Cornélius Sembrancher, rencontre une pasteure, avec laquelle il va avoir une idylle mais surtout qui l’aide à décoder des références chrétiennes.
Le Vaudois, qui a vécu enfant au Mozambique puis à Arnex-sur-Orbe, se souvient qu’il a toujours beaucoup aimé écrire.
«J’ai fait sciences politiques lorsque j’étais jeune dans le but de devenir journaliste. Je suis quelqu’un de curieux dans le bon sens du terme. Je m’intéresse à ce qui se passe autour de moi. A l’époque, j’écrivais des piges pour un journal local du Nord vaudois. J’ai ensuite changé de cap en optant pour la théologie. J’ai continué à rédiger notamment des chroniques lorsque je suis parti en mission au Mozambique.»
Ecriture au quotidien
L’écriture l’accompagne quasi au quotidien puisque son activité pastorale l’amène à préparer des prises de parole lors d’événements et de rencontres ainsi qu’à rédiger des prédications. Il concède cependant qu’il n’a jamais suivi de formation particulière pour parfaire son style. «Pour mes deux ouvrages, une collègue m’a beaucoup aidé lors des relectures. Mais j’ai conscience que je vais devoir travailler encore mieux mes textes pour le prochain livre, Je n’ai pas la fibre de l’écrivain, je suis plutôt un conteur d’histoire», résume celui qui aime aller au bout des choses mais qui ne se considère pas comme un perfectionniste.
Nicolas Monnier n’a pas encore commencé la rédaction de son troisième ouvrage. Comme d’habitude, il va puiser son inspiration dans l’actualité et l’histoire locale. Son idée du moment est d’aborder le marché de l’art. Affaire à suivre.
DELPHINE FRANCEY